Les peintures tranchantes et les sculptures circonspectes de Georges Mathieu Yassef

La série de peintures aux couleurs tranchées, grands aplats d’orange ou de jaune fluo, enserré par du bleu-nuit, du rouge vif contrecarré par du vert, est chargée d’électricité.  Dans chacune de ses toiles, George-Mathieu Yassef chemine sur une ligne de crête entre méthode et vertige. De ces combinaisons de couleurs primaires et éclatantes surgit une vérité indicible et fondamentale. 

 

Cette même authenticité mutique se retrouve dans ses sculptures, que l’on peut regrouper en deux vastes ensembles de pièces. L’un de ces ensembles est constitué de cubes en terre de différentes tailles percées de trous savamment réparties selon une logique propre, brute ou avec des couleurs qui rappellent celles de ses peintures. Ces cubes philosophiques semblent poser une question énigmatique. L’autre ensemble est composé d’une horde de personnages sortis tout droit d’un temps très lointain où la vie se déchiffrait dans les signes cachés de la nature. De cette confrontation, matière contre matière, peinture contre terre, émerge une évidence archaïque, intacte.

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Georges Mathieu Yassef

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suit les cours de l’École nationale d’art décoratif de Nice (1959-1964) puis ceux de École Natilonale supérieure des beaux-arts de Paris (1966-1968) atelier Legueult. 

En 1971, il quitte la capitale pour le sud de la Drôme et le petit village de Bénivay-Ollon où il travaille toujours et de façon très active. L’artiste y modèle Ia terre, créant ses fameuses et nombreuses « Idoles », tout en se consacrant au dessin et à la peinture. Une abstraction ou la couleur tient une place majeure, déterminée et qui exprime toute la force d’une pensée mouvante. C’est là que le travail de cet artiste se positionne clairement dans notre monde.

Expositions

Mai 1984 – Galerie des Bastions – Genève – Suisse

Mai 1985 – Galerie de la Cathédrale – Fribourg – Suisse

Mai 1985 – Galerie Grande Fontaine – Sion – Suisse

Mai 1985 – Galerie Picpus – Montreux – Suisse

1986 – Galerie Aire du Verseau – Paris – France

1988 – Galerie Hermès – Solothurn – Suisse

 

 

 

 

« Yassef » dans la Galerie de la Cathédrale Rencontre avec le divin

Il existe des peintures qui stimulent avant tout la sensibilité esthétique, celles qui se distinguent par leur sophistication technique et d’autres dont le principal attrait est leur style nouveau. Et il existe des images qui non seulement combinent toutes ces caractéristiques, mais sont également capables de déclencher un effet de choc psychologique chez certains spectateurs. Parmi ces phénomènes rares, citons les huiles du peintre français Yassef, actuellement présentées pour la première fois dans la Galerie de la Cathédrale. Cet artiste de 42 ans a certainement quelque chose de significatif à montrer en termes de savoir-faire. On admire son sens délicat de la composition, son utilisation expansive mais soignée de la couleur, qui équilibre souvent avec élégance les tons les plus contrastés, ou sa capacité à varier des « motifs » apparemment identiques d’une manière aussi polyvalente que subtile. Mais avec cette vision de ses peintures, on n’arriverait en réalité qu’au point où commence réellement le monde de Yassef. Car pour lui, les aides techniques, aussi coûteuses soient-elles et aussi expertes soient-elles utilisées, ne servent finalement qu’à un seul but : lui permettre de faire face à ces problèmes maritimes. sphères spirituelles douces qui forment l’origine de toute existence. Leur énorme pouvoir ne vient pas de la nature matérielle de ses tableaux – aussi monumentaux soient-ils dans leurs dimensions et leurs couleurs, mais de l’intensité des sentiments qui ont dû dominer chaque coup de pinceau du peintre. Au vu du caractère dramatique de ces peintures, on ne peut s’empêcher de penser aux créations de Richard Wagner, capable de créer des ambiances surnaturelles au sein d’un géant pas comme les autres. pour donner de la perspective et de la forme à l’orchestre. 

D’innombrables galeries étrangères ont rejeté à plusieurs reprises l’œuvre picturale de Yassef en raison de son contenu prétendument abstrait, et sa première exposition à Fribourg représente sans aucun doute un tournant encourageant dans sa carrière. Mais d’une manière ou d’une autre, ce fait doit être triste. L’attitude dédaigneuse répétée à l’égard de l’œuvre de Yassef est typique d’une époque

qui semble de plus en plus incapable de comprendre les œuvres d’art en termes de substance spirituelle.

(Jusqu’au 18 mai)   HPB.

Œuvres provocantes par YASSEF à la Galerie Hermès

Avec des sculptures en terre cuite de style archaïque et des peintures à l’huile de grand format, l’artiste français Georges Matthieu YASSEF ouvre le programme d’exposition 1988/89 à la Galerie Hermès à Soleure (Suisse).

(Rederlechner)

 

YASSEF né à Nice en 1943, vit et travaille à Bénivay/Ollon au coeur de la Provence, à l’écart des centres culturels. Mais depuis quelques années, ses œuvres suscitent l’intérêt en Suisse et particulièrement en Suisse romande. C’est ainsi qu’il expose ses sculptures depuis 1984 à plusieurs reprises à Fribourg, Genève, Montreux et Sion. A Fribourg, il expose également pour la première fois ses peintures. La Gaerlie Liechti à Granges ayant déjà dessiné

attention aux sculptures de Yassef, c’est aujourd’hui au tour de la Galerie Hermès de montrer pour la première fois les sculptures et peintures réunies dans une même exposition.

 

SCULPTURES, TÉMOINS D’UNE EXPRESSION MÉTAPHYSIQUE

Sans devenir thématique, le fluide de la Provence se ressent dans les œuvres de Yassef. C’est également le cas de ses sculptures qui semblent nées du terroir même de Provence. Yassef les modèle dans une argile brute, créant une surface poreuse. Ses premières sculptures, vues de face, aux formes larges et aux contours dessinés allient influences cubistes et souvenirs des cultures primitives : Mythe et Histoire deviennent la représentation métaphysique de ses propres références existentielles. Ses sculptures récentes, en revanche, qui représentent des personnages ou des formes animales surprenantes, sont entièrement modelées ce qui conduit à une représentation plus réaliste. Reste à Yassef à prouver qu’il saura transposer la légèreté gracieuse de ces sculptures dans de grandes dimensions.

 

UNE EXPLOSION DE COULEURS

Passant de plus en plus de l’abstraction vers une certaine figuration dans ses sculptures, Yassef poursuit une approche complètement opposée dans sa peinture. Un ensemble d’aquarelles montre à la Galerie Hermès comment il a successivement transposé le paysage en une surface plane, puis enfin en une composition colorée abstraite.